Le soft power à la française : perspective ou mirage ?
A l’occasion de l’événement Think Culture organisé par News Tank Culture le 7 septembre 2021 au Centre Pompidou, Stéphane-Arnaud Roisin, Directeur général adjoint de France Muséums est intervenu aux cotés de Caroline Champarnaud, Directrice du développement international de la Sacem autour d’une question commune : Le soft power à la française : perspective ou mirage ?
L’événement consacré aux pratiques innovantes dans le pilotage de la culture, a accueilli plus de 700 participants et avait pour thème « Le rôle de l’État dans la culture : quel devenir ? ».
Le soft power à la française
Le soft power est un concept extrêmement large : démarche d’influence proactive, le soft power est une notion aujourd’hui très utilisée dans le débat public et notamment en matière de diplomatie culturelle. Théorisé dans les années 1990 par le politologue américain Joseph Nye pour analyser « l’aptitude à séduire » des États-Unis d’Amérique, le soft power s’articule entre acteurs publics et privés qui forment un environnement et un socle pour la diplomatie culturelle d’un pays.
À la question « Le soft power à la française : perspective ou mirage ? », Stéphane-Arnaud Roisin explique que sur le terrain de la diplomatie culturelle, le soft power à la française est tout sauf un mirage même s’il convient de ne pas se reposer sur ses lauriers. S’il existe aujourd’hui une grande diversité d’actions menées par des acteurs les plus variés (cinéma, musique, spectacle vivant, patrimoine, architecture, arts visuels etc.), l’enjeu porte sur la coordination de ces différentes actions et sur la prise en compte des pratiques concurrentes. Favoriser le déploiement à l’international des savoir-faire français en matière artistique et culturelle représente à la fois un enjeu culturel mais aussi économique et stratégique.
Dans le champ spécifique des arts visuels et du patrimoine, le Louvre Abu Dhabi est une référence en matière d’influence et de projection de l’expertise culturelle française à l’étranger. Premier musée universel du monde arabe, le Louvre Abu Dhabi est en effet la combinaison d’expertises en matière de programmation, de conception et d’accompagnement à l’exploitation sur la durée d’un projet muséal complexe. Ce projet fait appel à l’agilité et au savoir-faire de France Muséums en matière d’ingénierie culturelle et à la mobilisation d’un large réseau de partenaires.
Monter en puissance de la concurrence à l’internationale en matière de soft power culturel
La concurrence se renforce en matière de soft power culturel : intensification des actions des acteurs historiques (États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, Japon, Italie) montée en puissance de nouveaux acteurs (Corée du Sud, Chine etc.) publics et privés.
La présence des ministres de la culture au dernier G20 en juillet 2021 à Rome témoigne de la prise en considération du rôle de la Culture. Côté français, nous pouvons citer l’inauguration de la Villa Albertine aux États-Unis, projet visant à immerger des artistes français dans les réalités américaines. La France démontre une nouvelle fois une stratégie proactive notamment grâce au déploiement d’un réseau diplomatique français puissant à l’étranger.
Le musée n’est plus seulement un lieu de conservation et de préservation des œuvres : il joue un rôle social et sociétal primordial d’une part dans la compréhension et l’éveil aux enjeux de développement durable et d’autre part dans la diffusion des valeurs universelles. En tant que concepteur-réalisateur de projets muséaux, France Muséums œuvre pour l’accessibilité des parcours de visites au plus grand nombre dans et hors les murs des musées et sur la sensibilisation aux enjeux climatiques. À l’heure actuelle, de nombreuses questions se posent sur la diminution du nombre d’œuvres exposées, sur l’éco-conception d’expositions ou encore sur la réflexion autour de l’expérience visiteur.
Enfin, il est important de connecter le monde muséal aux enjeux contemporains soulevés par les nouvelles technologies. France Muséums s’attache à réfléchir et à tester, avec les organisations culturelles, de nouvelles manières d’exposer et de relier les œuvres entre elles. En termes de médiation et d’expérience visiteur, l’emploi du numérique peut permettre d’attirer et d’accueillir un public plus large en présentant l’art différemment, de manière hybride. En savoir plus sur le rôle du numérique dans le secteur culturel.
C’est par la vivacité de tout un secteur et les connexions entre acteurs publics et privés que la France fait aujourd’hui partie des États les plus dynamiques en termes de diplomatie culturelle. C’est sans doute avec une lecture plus stratégique, en articulant les réflexions autours des nouvelles technologies, du développement durable et des partenariats publics-privés, qu’il sera possible d’aller encore plus loin.
Découvrir comment France Muséums soutient les porteurs de projets culturels.