Expert’s corner – le numérique dans le secteur culturel

Sébastien Cotte, Responsable numérique chez France Muséums nous raconte sa vision du rôle du numérique dans le secteur culturel et plus précisément dans les musées et l’impact du digital dans la manière de penser les nouvelles expositions.

Que signifie être en charge du numérique dans le secteur culturel français aujourd’hui ?

La notion de numérique recoupe une multiplicité de nouveaux moyens de création et de communication. Largement démocratisée dans la plupart des pays, elle est désormais présente dans tous les aspects de la vie personnelle mais aussi de la vie professionnelle. Dans l’écosystème déjà extrêmement construit des musées, le numérique s’insère comme un outil servant au mieux un discours scientifique et une politique des publics. Mon rôle est de venir en support des métiers existants et trouver la réponse la plus pertinente possible à leurs besoins suivant leurs enjeux

En 10 ans d’expérience dans le secteur culturel français, comment avez-vous vu évoluer la place accordée au numérique ?

Il y a 10 ans, l’activité du numérique était déjà professionnalisée et la plupart de ses principaux acteurs étaient présents. Cependant, au cours de la dernière décennie, des pratiques qui étaient encore expérimentales ou exceptionnelles sont devenues de plus en plus attendues par les visiteurs. Nous pouvons citer par exemple les dispositifs interactifs, le community management, les applications mobiles ou encore le podcasting.

La place du numérique n’est donc plus à débattre. La question centrale est désormais celle de la qualité et de la pertinence du message que le numérique doit porter dans le discours global des institutions culturelles. En d’autres termes, comment articuler au mieux les potentialités du numérique avec l’ensemble de leurs pratiques.

Quelles opportunités offre le numérique dans le secteur culturel – plus particulièrement muséal ?

Le numérique permet globalement d’ « aller plus loin ». Bien employé, il permet d’aller chercher et de garder le lien avec les visiteurs même éloignés. Il peut également venir renforcer un propos, le compléter ou le nuancer. Enfin, le numérique vient créer de l’interaction et peut permettre d’étendre l’expérience de visite bien après celle-ci.

La crise sanitaire que nous rencontrons l’a largement démontré. Le numérique ne peut absolument pas se substituer à la rencontre avec les œuvres, les médiateurs des musées et entre les visiteurs eux-mêmes. Il permet cependant de conserver voire de développer cette relation.

Quel juste-milieu donner au numérique dans un établissement culturel à l’heure d’une offre plus importante de contenus digitaux ?

Le numérique ne doit pas faire écran à la finalité de toute visite muséale : la rencontre avec l’œuvre. Il doit servir de passerelle et doit donc s’effacer derrière celle-ci. Il doit également permettre de créer des outils adaptés à la plus large typologie de public. Enfin, il doit permettre de décliner et d’adapter le discours des établissements pour le rendre le plus inclusif possible.

Pour être pertinent, un dispositif numérique doit enfin s’ancrer dans une démarche d’enrichissement de l’expérience du visiteur.

Quelle vision du numérique souhaitez-vous apporter au sein de france muséums ?

Les différentes réalisations de France Muséums pour le projet du Louvre Abu Dhabi ont démontré sa capacité à utiliser et proposer des dispositifs numériques innovants, adaptés et pertinents.

Le point essentiel pour le futur se trouve donc dans notre capacité à structurer un véritable discours transmédiatique. C’est-à-dire d’utiliser le numérique le plus en amont possible au service d’une expérience visiteur globale. Ce discours doit être pensé collégialement et avec chaque porteur de projet.

Cela passe par une réflexion poussée sur la complémentarité de chaque médium et de chaque niveau de discours que nous créons (accrochage des œuvres, cartels, catalogues, dispositifs interactifs, sonores ou sensorielles, visites virtuelles, podcasts, etc.). Le but étant qu’ils s’emboîtent et se complètent le plus possible dans chaque temps de la visite (avant, pendant, après). Cette approche transversale et transmédia est d’autant plus pertinente pour France Muséums qui rassemble dans une structure à taille humaine tous ces champs d’expertises. C’est une démarche clef qui permettra d’aller encore plus loin dans l’enrichissement et l’élargissement de l’expérience de l’ensemble des visiteurs.

France Muséums développe des concepts et programmations sur mesure au sein desquels le dialogue entre les œuvres et le visiteur est central. Découvrez nos expertises

Sébastien Cotte, Digital Manager
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