CARTIER, ARTS DE L’ISLAM ET MODERNITÉ : LES ENJEUX DE PRODUCTION D’UNE EXPOSITION ITINÉRANTE 

Co-organisée par le Louvre Abu Dhabi, le musée des Arts décoratifs, le musée du Louvre et France Muséums, avec le soutien de la Maison Cartier, la nouvelle exposition temporaire intitulée « Cartier, Arts de l’Islam et Modernité » est présentée au Louvre Abu Dhabi du 16 novembre 2023 au 24 mars 2024. 

Sous le commissariat de Judith Henon-Raynaud, conservatrice en chef du patrimoine et adjointe à la directrice du département des arts de l’Islam au musée du Louvre et Évelyne Possémé, conservatrice en chef honoraire du département bijoux anciens et modernes au musée des Arts décoratifs, assistées de Fakhera Ahmed Mubarak Alkindi, attachée de conservation sénior au Louvre Abu Dhabi, cette exposition explore l’influence des arts islamiques sur le design de la Maison Cartier depuis le début du 20e siècle jusqu’à aujourd’hui. 

Florence Lallement et Flora Roy, Responsables de Projet chez France Muséums sur cette exposition reviennent sur la genèse du projet pour le Louvre Abu Dhabi et des enjeux de conception, de production et de coordination inhérent à la production d’expositions de renommée internationale.  

Pouvez-vous nous parler de l’exposition « Cartier, Arts de l’Islam et Modernité  » et de son voyage jusqu’au Louvre Abu Dhabi ? 

Florence Lallement :  L’exposition « Cartier, Arts de l’Islam et Modernité » témoigne de l’influence des arts islamiques sur l’émergence d’une esthétique moderne, tout en offrant une immersion dans l’univers des sources d’inspiration de la Maison Cartier. Elle réunit plus de 400 bijoux et objets de haute joaillerie de la Maison Cartier aux côtés de chefs-d’œuvre d’art islamique et de prêts prestigieux publics ou privés comme des miniatures, des arts graphiques, des textiles   et des objets d’art décoratif. Après avoir été présentée à Paris en 2021 et à Dallas en 2022, elle s’enrichit au Louvre Abu Dhabi avec des œuvres de la collection du musée et des prêts régionaux, offrant de nouvelles perspectives ainsi que de nouvelles comparaisons formelles. 

Flora Roy : Cette exposition apporte un nouvel éclairage sur la manière dont la joaillerie s’inspire des arts décoratifs, elle décloisonne les répertoires d’inspiration en démontrant comment les influences et les formes voyagent à travers les cultures. Elle met en lumière le processus de création de la Maison Cartier, dont les dessinateurs ont puisé dans les arts de l’Islam pour créer une esthétique nouvelle, résolument moderne. L’exposition explore également le lien entre les bijoux et les œuvres des arts de l’Islam mais également d’autres régions du monde comme l’Inde, plongeant le visiteur dans le processus créatif des joailliers, depuis la collecte des pierres jusqu’au design des pièces. 

Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste le rôle de France Muséums dans la réalisation de cette exposition itinérante ?

Florence Lallement : Le rôle de France Muséums est essentiel à chaque étape de la production de l’exposition. Nous accompagnons le commissariat, assurons la production de l’exposition, gérons la coordination scénographique et des dispositifs de médiation, nous nous occupons de la régie des œuvres et de la coordination du catalogue. Nous assistons également les équipes médiation et éducation du Louvre Abu Dhabi dans la transmission et la valorisation du contenu de l’exposition en une expérience de visite engageante. En somme, nous nous assurons que le discours scientifique porté par les Commissaires soit mis en valeur et préservé tout au long des décisions techniques liées au processus de production. 

Quels sont les principaux défis relevés par les équipes de production de France Muséums dans ce projet ?

Flora Roy : Du fait de l’itinérance de cette exposition, présentée sous une première forme à Paris, puis à Dallas avec un propos renouvelé, et enfin à Abu Dhabi, l’un des principaux défis a été la gestion et la coordination d’une multitudes d’acteurs, tant sur le contenu scientifique que sur la production. Nous avons travaillé en étroite collaboration avec Judith Henon-Raynaud, Évelyne Possémé, le studio de scénographie DS+R ainsi que les équipes Cartier dès le début du projet. France Muséums a joué un rôle essentiel de consolidation et de synthèse en coordonnant les différents aspects de la production, en veillant à ce que les besoins de toutes les parties prenantes soient pris en compte et afin de s’assurer du bon déroulement du projet. Cette exposition a par ailleurs impliqué de nombreux prêteurs aussi prestigieux qu’internationaux, ce qui a nécessité une gestion minutieuse des prêts. 

Florence Lallement : Travailler en collaboration avec la Maison Cartier, une marque de luxe, a été essentiel dans la production de l’exposition, car ils partagent la même notion d’excellence. France Muséums veille à produire des expositions internationales de haut niveau. Pour l’exposition “Cartier, Arts de l’Islam et Modernité”, cette excellence passe par la valorisation du discours scientifique porté par le commissariat ainsi que la prise en compte de l’identité de la Maison afin de sublimer les œuvres et les savoir-faire techniques et artistiques que retracent l’exposition.    

Parlez-nous de la scénographie de l’exposition et de son adaptation pour chaque lieu d’exposition. 

Florence Lallement : Nous avons travaillé en étroite collaboration avec la même scénographe pour les trois expositions, ce qui a permis de préserver une continuité esthétique tout en s’adaptant aux caractéristiques de chaque lieu. L’itinérance nécessite toujours une réécriture du parcours pour s’adapter à l’écrin qui l’accueille. Cette réécriture scénographique a également été influencée par l’adaptation du propos scientifique et de la liste des œuvres présentée. Nous avons ajouté de nouveaux bijoux et leurs inspirations, augmentant ainsi la liste des prêteurs notamment régionaux.  

Flora Roy : Les caractéristiques inhérentes aux œuvres présentées, à savoir des bijoux nécessite une prise en compte particulière dans les réflexions liées à l’éclairage. Il s’agit en effet de magnifier des pièces de petites tailles en faisant ressortir leur éclat. La structure du parcours même permet cette mise en valeur, et l’accrochage, dans son ordre ou dans sa forme apporte une nouvelle approche ainsi que des clefs de lecture additionnelles pour admirer les œuvres tout en appréhendant les jeux d’influences. Dans le cadre de cette troisième itération, nous avons bien entendu réutilisé certains éléments, à l’instar de socles ou de vitrines très spécifiques crées tout spécialement pour les expositions précédentes. Une autre partie du mobilier a dû être adapté aux spécificités structurelles du Louvre Abu Dhabi, ce qui a nécessité une coordination minutieuse avec les entreprises locales et les installateurs spécialisés pour garantir un montage et une installation irréprochables. 

Parlez-nous de la médiation et des éléments visuels de l’exposition. 

Flora Roy : La scénographie de cette exposition constitue sans nul doute le premier dispositif de médiation. L’épure de l’exposition laisse briller les bijoux et les mets en valeur dans toute leur splendeur. Des projections grand format de bijoux rythment le parcours pour offrir un autre regard sur les œuvres exposées. Nous préparons également un livret jeune visiteur pour accompagner les scolaires et les familles.  

Florence Lallement : L’objectif est de laisser la part belle aux bijoux et à leur histoire, tout en offrant une expérience immersive au visiteur. Le Lower Forum, continuation de l’exposition, permet aux visiteurs de se plonger dans les motifs tirés des arts de l’Islam à l’origine des créations Cartier présentées.  

France Muséums se distingue par son expertise de haut niveau dans la création d’expositions temporaires internationales. Nos partenariats forts avec les musées français et les prêteurs internationaux nous permettent de concevoir des expositions innovantes et ambitieuses. Le public étant au cœur de nos préoccupations, nous nous engageons à développer des récits captivants, combinés à une expérience de visite innovante. Travaillant en étroite collaboration avec les équipes curatoriales, nous donnons vie aux contenus dans le respect de l’intention scientifique. Nous prenons également en considération la continuité d’une exposition dans le temps en concevant, sur demande, des expositions itinérantes internationales. Dès la phase de conception, nos équipes intègrent les contraintes liées aux expositions itinérantes, qu’elles soient physiques, juridiques ou liées au transport.   

Découvrez nos expertises

Ce projet n’aurait pu voir le jour sans l’équipe polyvalente de France Muséums composée d’Adrien Berthelot, Directeur de la Programmation et de la Production, Florence Lallement, Responsable de projet, Flora Roy, Responsable de projet, Valentine Bellucci, Cheffe de projet expositions, Mathilde Dalmas, Chargée de production, Albert Naïm, Responsable expérience visiteur et médiation , Lise Iguedjtal, Régisseur des œuvres, Ophélie Guinet, Régisseuse d’œuvres, Sabrina Mathieu, Cheffe de projet muséographie, Mihai Voicu, Responsable des opérations, Sébastien Cotte, Responsable numérique, Charlotte Clergeau, Chargée de projets numériques et Zeynep Inanc, Cheffe de projet indépendante opérations muséographie accompagnés de leurs partenaires.  

Nous souhaitons également remercier toutes les équipes du Louvre Abu Dhabi et particulièrement Rajeev Gopinadh, Responsable des expositions temporaires et projets spéciaux et Alice Querin, Cheffe du service des expositions temporaires pour le pilotage de cette exposition ainsi que Fakhera Ahmed Mubarak Alkindi, attachée de conservation sénior au Louvre Abu Dhabi.